Mathieu Rod
Depuis la nuit des temps, l’évolution de la forêt est intimement liée à celle de l’être humain. Devenant sédentaires, les peuples de chasseurs cueilleurs, déboisent des parcelles de territoire pour en faire des terres de culture et d’élevage.
Au bas moyen-âge, le mot foresta*, forest en langue romane, puis forêt, désigne un terrain sur lequel on a prononcé une proscription, afin d’en faire un territoire réservé à la chasse seigneuriale. Les arbres commencent alors à pousser dans ces campagnes soustraites aux cultures.
Au fil du temps, la société agricole puis industrielle façonne, maîtrise et domestique la forêt, selon ses besoins et la vision que l’homme a de ces espaces boisés. Des législations sont édictées à son sujet, la soumettant à une politique et une planification forestière. Elle est laissée à l’état dit naturel, quand le choix est fait de ne pas intervenir dans sa gestion.
Ainsi, la superficie, la structure, la composition des forêts découlent des actions humaines au cours des siècles passés, et les interventions actuelles influeront sur les forêts de demain.
Pourtant, bien qu’elle soit l’objet d’une transformation due à des interventions humaines, la forêt conserve l’image d’un milieu naturel.
Dans l’histoire de la civilisation occidentale la forêt représente un monde à part. Elle nourrit notre imaginaire et fait partie de notre héritage culturel. La forêt nous habite, transmise par la littérature, la philosophie, les contes et légendes, les récits écrits ou oraux. Elle fait partie de notre mémoire collective.
Ce travail photographique évoque le décalage entre la perception de la forêt et sa réalité objective.
Mathieu Rod
Face à ces images, l’œil ne perçoit d’abord qu’une surface noire, puis petit à petit commence à repérer la lumière, les couleurs, les détails apparaissent, la forêt se dévoile…
Quant aux plantes de lisière, zone fondamentale d’échange avec la forêt, Mathieu Rod les cueille séchées et les photographie en studio sur fond noir. Les prises multiples aboutissent à la confection d’un bouquet virtuel, composé de la même plante photographiée sous différents angles.
Laurent Nicolet



